mardi 19 avril 2011

Steinbeck & Kazan : du lourd !

Maintenant que j’ai évoqué mon carnet, le support en quelque sorte, il me faut aller plonger dans le contenu. Encore une fois, je tergiverse :  je l’aborde de façon thématique ? Chronologique ? je pioche au hasard ? Bon allez, je me lance.
Aujourd’hui, je vous parle de deux bouquins chers à mon cœur.

image (quelle horrible couverture !)

Le premier est un grand classique de la littérature américaine : A l’est d’Eden de John Steinbeck. C’est une fresque sur plusieurs générations qui nous dépeint les destins et les relations de deux familles, au début du siècle dernier aux Etats Unis (le livre a été écrit en 52).  Je trouve ce livre si riche, si fin… il m’émeut énormément. J’ai lu ce livre deux fois je crois, mais il y a fort longtemps (en aout 95 !). Je l’ai adoré, et lorsqu’un an après au bac je suis tombée sur un extrait pour l’épreuve d’anglais, j’étais ravie. Tellement ravie et excitée que j’ai honteusement foiré cette épreuve et récolté un 9 ! J’ai été déçue et vexée !
Je sens que ma manœuvre pour faire partager mes coups de cœur va être délicate : je ne me sens pas l’étoffe d’une critique (ni même simplement la compétence). Mais que vous dire ? Mon amour pour le prénom de Samuel s’est nourri entre autres de ce roman et d’un de ses personnages qui se prénomme ainsi. Il n’est ni le personnage principal, ni sûrement le plus charismatique (si je me souviens bien), mais l’histoire débute avec lui et sa femme et sa bienveillance, sa simplicité et sa sagesse m’ont beaucoup marqué (enfin presque car là mon souvenir de l’histoire est assez nébuleuse… !).
Autre chose. Vous ne trouvez pas ça merveilleux de lire et de trouver dans la vie de tous les jours des échos de ce que vous venez de lire (ou vice versa) ? Ca peut être une situation ou bien la référence à une œuvre déjà vue ou lue…Une référence que vous comprenez et qui vous aurait échappé quelques mois auparavant si vous n’aviez pas vu ou lu autre chose ? Et sûrement qu’à la seconde lecture des années plus tard, d’autres choses feront écho…
Je trouve ça génial. A ce titre certains romans résonnent particulièrement en moi. Et A l’est d’Eden en fait partie. Le 2 aout 95 je lis un roman prêté par ma grand-mère La chinoise du Pacific Railway de Liliane Sichler.  Le roman relate l’histoire d’une jeune asiatique qui se travestit en homme pour pouvoir accompagner son mari et travailler sur les chemins de fer aux USA, à la fin du 19e siècle (car l’Amérique n’embauche pas les femmes). Une semaine plus tard je termine A l’est d’Eden. Dans le roman, de façon assez anecdotique (par rapport à toute l’histoire) Lee, le serviteur asiatique de Samuel, lui raconte l’histoire de sa mère, obligée de se travestir pour travailler sur les chemins de fer ! Jolie coïncidence, non ? Le livre de Sichler ayant été écrit en 1993, on peut imaginer qu’elle a été inspirée par Steinbeck, à moins que l’histoire ne soit vraie et connue ? Une brève recherche sur Google ne m’apprend rien de plus, si ce n’est la présence d’ouvriers chinois pour la construction des chemins de fer. Voir photo ici.
Voilà pour l’anecdote.Ce merveilleux bouquin (lisez-le, lisez-le) a été adapté au cinéma par Elia Kazan. Ce qui me permet d’enchaîner sur le second bouquin que j’aime tant : L’arrangement, écrit par Elia Kazan lui même - qui n’était pas que cinéaste (on lui doit aussi à ce titre Géant, avec James Dean et Nathalie Wood).

image
Je vous copie/colle le résumé écrit sur la page de garde (que vous pouvez zapper si vous ne voulez pas de spoilage).
Il a fallu que sa voiture se déporte et se jette contre un camion pour qu'Eddy Anderson, meurtri mais indemne, prenne le temps de s'interroger sur sa façon de vivre. Cet accident n'a-t-il pas été, au fond, une tentative de suicide ? Mais quelles raisons aurait-il de se tuer ? Aucune apparemment, puisqu'il est nanti d'une belle situation (dans une agence de publicité), marié à une femme charmante (Florence) et possesseur d'une maison avec piscine et pelouse (dans le quartier chic de Los Angeles). A ce bilan officiel de prospérité s'ajoutent les conquêtes sur lesquelles Florence a le bon goût de fermer les yeux.
En somme, un arrangement agréable dont soudain Eddy ne parvient plus à se contenter. Est-ce parce qu'il a dû rompre avec Gwen Hunt qui est si bien son type ou parce que ces masques l'étouffent ? Dans un sursaut d'énergie, il décide de repartir à zéro sans épouse ni fortune ni emploi, mais aussi sans masque et sans contrainte.
Cela n'a rien de facile et c'est ce qui fait de cette histoire nourrie de réalité une œuvre forte et fascinante qui a connu un immense succès aux Etats-Unis.
Là encore c’est un livre que j’ai lu il y a 15 ans et ça m’est difficile de raconter l’histoire (d’où ce copier/coller). J’ai été marqué par cet homme qui après avoir trompé sa femme, été largué par sa maitresse, essaye de reconstruire son couple d’abord, l’officiel. J’aimerais beaucoup le relire et je crois que c’est ce que je vais faire après avoir publié ce post (ce qui est un peu ballot,je pourrais attendre de l’avoir lu pour vous en parler). Mais j’aime le souvenir que j’ai de la lecture de ce bouquin. Je me revois complètement happé par le bouquin, à lire en toutes circonstances. Je sens encore le soleil qui me chauffe à travers la vitre du bus qui me ramène chez moi entre midi et deux, après le lycée. J’entends un brouhaha autour de moi fait de rires, de discussions et moi je  lis, je suis dans ma bulle à partager ces sentiments divers devant l’échec de leur couple, puis l’espoir que j’ai devant leur volonté de se retrouver, de reconstruire… Voilà le souvenir que j’en ai. Un très beau roman, très fort. J’ai hâte de le relire.
Il a été écrit en 1967, et allez savoir pourquoi il me plonge dans la même ambiance que le film Nos plus belles années de Polanski (avec R.Redford et B.Streisand), qui raconte l’histoire d’un couple de 1937 à 1950. Bizarre vu que ce n’est pas tout à fait la même époque… Mais bon ca m’aura permis de vous parler de ce film, que j’aime beaucoup aussi. :)
Le seul bémol concernant ce bouquin : le trouver n’est pas une mince affaire. Il est épuisé et c’est seulement par la grâce d’ebay que j’ai pu me procurer un exemplaire en poche (l’original m’ayant été prêté par ma cousine à l’époque). Elia Kazan l’a aussi adapté au cinéma avec Faye Dunuway et Kir Douglas. Je ne l’ai pas vu (et vous ?).

2 commentaires:

  1. Edith , l'Arrangement a été pour moi une découverte formidable qui fait partie de mes bouquins de référence! Quant à Steinbeck j'en reparlerai sur mon blog. Merci de me rappeler mes lectures de jeunesse

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  2. Edith, ton commentaire sur mon blog est très sympa mais injustifié car c'est toi qui a une très belle plume pour nous parler de ton amour pour a l'est d'eden ( et de façon plus générale d'ailleurs tu écris super bien)Bon je pense qu'on va arrêter là ces congratulations réciproques sous peine de tomber dans l'eau de rose !( Et l'eau de rose c'est sympa, mais pas en bain)

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